Terreur nocturne :
La voiture s’arrêta, je regardai par la fenêtre. On était arrivés devant le manoir. Le manoir était entouré d’un énorme terrain, qui ressemblait plus à une forêt privée qu’à un jardin. Une clôture d’un mètre de haut entourait la propriété et donnait comme l’impression de vouloir s’écrouler d’une minute à l’autre. Le manoir, contrairement à la clôture qui datait de l’an 1951, avait été rénové, cinq ans plus tôt. Tous les étés, nous les passions, mes parents et moi dans ce manoir. Nous invitions toujours de la famille et des amis, il fallait dire qu’on avait assez de place dans ce manoir. Mais cette année, mes parents ne seront pas là, la moitié des vacances, pour des voyages d’affaires. Comme ils sont fâchés avec la famille du coté de ma mère et que la famille du coté de mon père est en Amérique, je vais passer presque tout l’été, seule dans cette immense maison.
-Alice, tu nous en veux de te laisser seule ? Tu vas bien prendre soin de toi, d’accord ? me demanda ma mère.
Je ne répondis pas, je détestais rester seule et en plus, ici il n’y a presque pas de réseau, je ne pourrai donc pas contacter mes amis. Le manoir en plein jour, encore rester seule ça pouvait passer, mais la nuit, il me faisait peur. J’ai toujours eu un sixième sens qui se déclenchait quand quelque chose clochait et à chaque été, à chaque début de soirée dans ce manoir, il se déclenchait. Mais la maison était emplie de monde, alors ça me rassurait, mais là je serais seule pour affronter ma peur.
Ils étaient partis. J’étais plantée devant la porte avec les clefs dans la main. Je regardai derrière moi, la voiture avait déjà disparu de ma vue. Je fis tourner la clef dans la serrure et entrai d’un pas décidé dans la demeure. Je me promenai dedans comme une âme en peine, avant de tomber sur une photo qui attira mon regard. Elle était joliment posée sur une table. C’était moi sur la photo, lors d’un de mes concours. Depuis que j’étais petite ma mère m’inscrivait à des concours dont le but était de passer devant un jury avec une robe de princesse et il devait élire la plus jolie fille. Le dernier concours que j’ai fait datait de plus de trois mois, j’ai toujours trouvé ces concours sans intérêt, mais mère m’obligeait à participer. Si je suis dans le top cinq du dernier concours ou j’ai participé, dans une semaine j’irais en Californie pour me préparer au suivant. Je n’ai jamais été aussi intéressé par un concours, je ne serai obligée de rester dans cette maison que pendant une semaine. Perdu dans mes pensées, je montai les escaliers et arrivée au 1er étage je cherchai ma chambre. Une fois à l’intérieur, je me laissai tomber sur le lit, et m’endormis. Quand je me réveillai, il était l’heure de repas du soir, alors je suis allé manger sans grande conviction toute fois. Puis je suis remonté dans ma chambre, il commençait à faire sombre. J’eus peur, j’eus même très peur, et je ne savais même pas pourquoi, mais quelque chose clochait dans ce manoir le soir. Je m’enfermai dans ma chambre, mis mes écouteurs pour ne pas m’inquiéter aux moindres, bruits et lus pour me faire oublier ou j’étais.
Plusieurs jours s’enchaînèrent de la même façon le jour tout allait bien, la nuit je m’enfermais. Je ne savais plus quel jour on était, mais je savais que je ne pourrai pas éternellement m’enfermer dans ma chambre quand la nuit tombait. Il fallait que je trouve la source de mes angoisses. Je m’installai sur mon ordinateur et je tapai le nom du manoir. Comment ? Le manoir était à côté d’un cimetière ! Je me souvenais que je n’avais jamais été à l’aise dans les cimetières ! Ce soir, j’irai au cimetière, il fallait que j’en aie le cœur net. Je choisis ma tenue avec soin, pour pouvoir courir en cas de nécessité. Je n’avais plus qu’à attendre. Les secondes me semblaient être des minutes, les minutes me semblaient être des heures, et les heures me faisaient penser à des jours. Quand neuf heures s’afficha sur la pendule, j’eus une boule au ventre, je me dis que c’était stupide d’avoir peur et je sortis du manoir. Je ne fermai pas la porte à clef et mis à trottiner vers le cimetière. Arrivée devant, je me cachai dans un buisson en faisant le moins de bruit possibles. J’attendis. Je commençai de nouveau à avoir, comme tous les soirs. Quand tout à coup, je vis quelque chose, quelqu’un ou plutôt un mort sortis de sa tombe.
Une puanteur infecte était dans l’air, ce qui faisait que je n’arrivai presque plus à respirer, à tel point que je bougeai pour trouver de l’air frais et le buisson fit du bruit. Je fermai les yeux et je tremblais en priant qu’il ne me voit pas, mais quand j’ouvris les yeux, je croisai son regard. Un frisson traversa mon corps et mes cheveux se redressèrent sur ma tête. Il n’avait presque plus de dents, la moitié de sa tête n’avait plus de cheveux, son corps était en pleine décomposition, à plusieurs endroits ses os sortaient de son corps. Il commença à marcher dans ma direction, et je pris mes jambes à mon cou. Normalement j’étais nulle en endurance mais quand il s’agissait de courir pour échapper à un monstre, on aurait pu me mettre un vingt sur vingt. Je n’avais jamais couru aussi vite de toute ma vie.
Arrivée devant le manoir, je courus pour entrer dedans. Je montai les escaliers tellement vite que je trébuchai sur une marche. Je réussis à me rattraper à la rampe, mon cœur tapait fort contre ma poitrine. Je pris les dernières forces que j’avais pour monter les dernières marches. Et arriver à ma chambre. Quand j’ouvris la porte, je crus que mon cœur s’arrêtait, j’étais comme paralysée. J’aurais voulu partir en courant, crier, mais je n’en fis rien. Il était là, dans ma chambre, au milieu de la pièce. Un sourire difforme illuminait ses lèvres. Il marcha vers moi, l’odeur de cadavre que j’avais sentie au cimetière était à nouveau la et un silence de mort régnait dans la pièce La seule chose que j’entendais était les battements de mon cœur. Il était à moins d’un mètre de moi, quand je m’écroulai parterre.
Je vis une ombre qui passa près de moi, puis une deuxième. Elles me prirent dans leurs bras et m’emmenèrent hors de la demeure. Je repris peu à peu connaissance, et vis mes parents qui me tenaient dans leurs bras. Pendant qu’ils me mettaient dans la voiture j’entendis mes parents parler vaguement:
- J’étais sûr que c’était une mauvaise idée je t’avais prévenu !
- Ce n’est pas ma faute si elle refuse de prendre ses médicaments, tu crois ça me fait rire qu’elle a des terreurs nocturnes !
- Regarde dans quels états on l’a retrouvée. J’ose même pas imaginé ce qu’elle a pu voir…
- Il faut qu’elle consulte cela a assez duré.
- Chut ! Alice tu m’entends ? Tu as été sélectionnée pour le concours en Californie. Il y a un vol dans une heure, il ne faut surtout pas le louper. Enfin regarde la George elle est pleine de bout ! Ces cauchemars ont dû la trainer hors de la demeure… Je lui avais pourtant dis de toujours s’enfermer à clef. Elle aurait pu se perdre dans les champs, le manoir en est encerclé.
Une larme s’échappa des yeux d’Alice encore perdu entre le rêve et la réalité, une promesse de ne jamais retourner dans ce manoir.
Fin
-Nelly